Annexe

Cité jardin


"  La cité-jardin permet la combinaison saine, naturelle et équilibrée de la vie urbaine et de la vie rurale, et cela sur un sol dont la municipalité est propriétaire "





Pourquoi prendre la Cité-Jardin du Plessis-Robinson comme exemple?



La ville du Plessis Robinson est très connue pour sa cité Jardin. Elle a reçu en 2008 le grand prix européen d'architecture décerné à « la reconstruction de la ville et la meilleure renaissance d'une banlieue urbaine ». Le maire ayant vécu dans une banlieue voulait redonné une meilleure image à sa ville et montrer une mixité urbaine. Le Plessis Robinson est un cas intéressant car sous son appellation de « cité Jardin » celle-ci n'a pas gardé entièrement les idées d'origine. De plus, la majorité de la Cité jardin a été démolie et reconstruite en respectant les besoins et les normes actuelles, seule une toute petite partie a été réhabilitée pour garder une trace de la cité d'origine.






Historique





Qui est Ebenezer Howard?

Il est né le 19 janvier 1850 à Londres et décède le 1er mai 1928 à Welwyn Garden City. C'est un urbaniste britannique. Il milite à partir de 1879 dans le mouvement socialiste anglais. Il devient connu grâce à sa publication "Cités-Jardins de demain" en 1898, la description d'une utopie de la ville dans laquelle l'homme vit en harmonie avec le reste de la nature. En 1899, il fonde l'association des cités-jardins, connue sous le nom "town and country planning association". Comme la plupart des projets du 19ème siècle, l'idée dominante est de « ramener le peuple à la terre ».

Il ramène dans un même organisme, l'habitat, le travail, la production agricole, les études et le loisir.

Le concept de la cité-jardin d’Ebenezer Howard à la fin du XIXème siècle est défini par quelques points :
- la maîtrise publique appartient à la municipalité afin d'éviter la spéculation financière
- la présence d'une ceinture agricole autour de la ville
- la densité relativement faible du bâti
- la présence d'équipement publics situés au centre de la ville
- la maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l'espace urbain.


Howard n'était pas un utopiste et avait élaboré les moyens pratiques de mettre en œuvre un modèle qui ne serait qu'un schéma diversement interprétable. Après avoir fondé l'association des cités jardins, il acquière le terrain nécessaire à la réalisation de la première cité jardin, située à Patchwork, près de Londres en 1903 et où Howard y habita de 1905 à 1921. Les plans seront réalisés par Barry Parker et Raymond Unwin. Il renouvelle l'expérience en 1919 et crée Welwyn d'après des plans de Louis de Soissons. Les villes nouvelles seront réalisées autour du principe de décentralisation.

Le principe est que la superficie de la ville doit être limité de manière à ce que n'importe quelle personne puisse se rendre à son travail sans utiliser un moyen de transport. Du centre à la périphérie, jamais plus 1650 mètres. La superficie totale de la ville devait être de 750 hectares. La cité jardin de Howard est une ville verte.


Nous pouvons résumer en trois traits essentiels la spécificité du modèle de Howard :
- Ville complète : intégrant tous les secteurs du travail, toute les fonctions de la vie sociale harmonieusement représentées. On ne doit pas l'assimiler aux banlieues vertes, cités ouvrières ou villes dortoirs.
- Extension et croissance démographique limitées : à cause d'un malthusianisme radical

( = politique prônant la restriction démographique)
- Caractéristiques formelles : qui sont subordonnées à la suppression de la propriété du sol qui, en éliminant la spéculation foncière, devient le garant et le moteur de la création urbaine. 










Le français Georges Benoît Lévy a lu le livre de Howard et s'en ai inspiré pour véhiculer l'idée en France.

Georges Benoît Lévy (1880-1970), juriste et journaliste de métier, suite à un séjour en Angleterre publie son ouvrage fondateur La Cité-jardin, en 1904. Il fonde la même année l'Association des cités-jardins en France. Il contribue par ses écrits à la diffusion de ce modèle d'urbanisme et y voit une solution aux problèmes chroniques de logements que connaît la France.


Les cités-jardins offrent tous les avantages respectifs de la ville et de la campagne tels que la jouissance de la nature et vie sociale animée, hauts salaires et vie bon marché, nombreux emplois et travail proche, absence de pollution et distractions sans leurs inconvénients comme l'exploitation du travailleur, taudis, sous-équipement et centralisation industrielle.

Les cités-jardins en France :
Elles désignent un ensemble de logements sociaux individuels ou collectifs locatifs avec aménagement paysager et jardin autour de l'habitat. Elles comprennent, dans la plupart des cas, des équipements collectifs tels que des crèches, des commerces... C'était une solution aux problèmes chroniques de logements que connaissait le pays. Parmi les cités jardins toujours en place de nos jours, on en compte une dizaine situées autour de Paris comme celle d' Arcueil, Drancy, Stains, Suresnes, Asnières-sur-Seine, Gennevilliers, Pantin, Champigny-sur-Marne, Châtenay-Malabry et celle du Plessis Robinson que nous aborderons dans le cas concret. 


La première cité jardin en France fut construire au Vésinet de 1856 à 1875 par l'architecte Olive. Il s'agit d'un parc avec des maisons entourées de pelouse, de plantation, des chênes, de pins, de peupliers.


La Cité-Jardin du Plessis-Robinson


Le Plessis-Robinson - Hauts-de-Seine




La Cité des lunettes ou Cité Basse du Plessis Robinson est la seule partie qui subsiste du projet initial de « cité Jardin » du grand Paris, présenté par les architectes Bassompiere, de Rutté, Survin et Payret-Dortail au concours du grand Paris en 1919. La Cité Basse couvre 9 hectares environ sur un terrain fort accidenté. Les travaux pour la Cité Basse débutent en 1924.





En 1930, une deuxième Cité Jardin est construite appelé Cité haute détruite en 1992 à l'exception de certains pavillons. Il y a différents modes de constructions : des immeubles collectifs desservis pas coursives ou par escaliers avec deux ou quatre appartements par étages alternent avec des maisons individuelles doubles ou accolées ou encore avec des petits immeubles pourvus d'atelier d'artistes. Les logements disposent d'un confort supérieur aux autres cités Jardins comme par exemple une douche. L'architecture apporte une nouveauté par des compositions cubiques ou des toitures terrasses.







Dans les années 80, l'habitat des cités jardins est obsolète : exiguïté des surfaces d'habitation, confort désuet, absence de parking…



C'est quand Philippe Pemezec est élu maire du Plessis Robinson en 1989 que tout commence. Ayant vécu lui aussi dans une cité HLM de Granville, il souhaite recréer une mixité urbaine.

La cité du Plessis Robinson, cité "lunettes" ou "cité basse" est une réalisation Sempro (société d'économie mixte du Plessis -Robinson) située place de la résistance, 92350 au Plessis Robinson.




La Sempro détenue à 80 % par la ville des Hauts-de-Seine, spécialisée dans l'aménagement et le développement urbains, est lauréate du Prix Territoria 2009 pour l'opération « Cités-jardins au Plessis Robinson ». La rénovation a pris une vingtaine d'années.


L'office HBM de la Seine avait construit dans les années 30 une cité-jardin, inspirée par le modèle fonctionnaliste allemand, mais dénaturée dans sa réalisation avec 1 600 logements sous forme de grands immeubles collectifs, un urbanisme rectiligne et monotone »..

Cinquante ans plus tard, le site devient impossible à réhabiliter : l'OPDH des Hauts-de-Seine, l'État et la Ville du Plessis Robinson décident de le démolir pour construire une nouvelle Cité-jardin. « Objectif : créer un quartier « avec une architecture douce et un urbanisme à échelle humaine pour rétablir les équilibres et créer un cadre de vie agréable pour les habitants ». Les travaux débutent dés 1990 avec le soutien du conseil général des Hauts-de-Seine qui vote un programme de 104 millions d'euro. Au programme : une vingtaine d’hectares, plus de 1 300 logements dont 250 logements sociaux, la halle du marché, un parking souterrain de 400 places, une crèche, 6000 m2 de commerces de proximité, 30 M€ de travaux et des aménagements paysagés.  La place prépondérante des espaces paysagers dans ce projet remet les jardins au cœur de son organisation, véritables espaces publics, accessibles à tous pour passer un moment ou pour se déplacer d'un point à un autre dans la ville. L'ensemble du quartier est dessiné autour d'une rivière artificielle d'un kilomètre de long, conçue pour recréer un véritable écosystème dans lequel faune et flore peuvent s'épanouir. Elle circule en circuit fermé, à l'aide d'un système de pompes. Les mètres cubes d'eau proviennent de l'eau de pluie, récupérée sur les toits et sont stockés dans un grand réservoir souterrain. Les petites cascades installées à intervalle régulier permettent l'oxygénation de l'eau.


Il a fallu une dizaine d'années pour aboutir ce projet. Créer une harmonie forte entre nature, avec une recherche paysagère très poussée : des rues pavées, des ponts, des passerelles, conduisent vers un porche, une placette, un kiosque à musique, entourés par des maisons et des immeubles dont aucun ne se ressemble et pourtant s'harmonisent parfaitement.

Treize architectes, treize promoteurs et un office HLM ont travaillé ensemble pour créer ce quartier. En 1990, création du cœur de ville d'après les plans de François Spoerry, père de l'architecture douce « les références ne sont ni anciennes ni modernes, elles sont éternelles... »

Équipements publics présents :
- Jardin du souvenir ; Nouveau square des martyrs
- Parking public souterrain 250 places
- Nouvelle halle du marché
- Création d'un nouveau jardin privatif ; Résidence de personnes âgées
- Maison relais de 25 appartements
- Crèche de la Cité-jardin gérée par " la ronde des crèches"
- Groupe scolaire Louis Hachette ; École maternelle rénovée
- Groupe scolaire Louis Hachette ; École primaire rénovée
- La poste
- EHPAD ; Établissement hospitalier pour personne âgées dépendantes


Architecture régionale : Toiture a à forte pente, revêtement en ardoise ou en tuile, mansardes, façades irrégulières, fenêtres plus hautes que larges, cœur de bœuf



Matériaux différents : Pierre de taille, pieux en moellons, meulières


Beaucoup de verdure avec rivière, jardins, chemins, plantations.


Recherche paysagère poussée : rues pavées, ponts, passerelles





Interview


Un grand merci à Florence Briand, urbaniste, qui a accepté cette rencontre dans le but de nous parler des Cités-Jardins.

Florence Briand - Urbaniste
Caisse des dépôts - Développement Territorial et Réseau



1) Comment s'organise-t-on lorsqu'on doit choisir entre rénovation et reconstruction ? Quels facteurs sont mis en cause, facteurs humains, techniques ou bien financiers ?
2) 2) Qui décide, qui intervient, qui finance (l’État, la commune, le département) ?
3) Les logements sociaux sont-ils mélangés aux logements privés ?
4) Si au niveau extérieur, nous ne voyons pas de différence entre un logement social et privé, les prestations à l'intérieur du logement sont-elles les mêmes ? Le coût est-il le même ?
5) Comment se passe l'intégration dans une ville, d'une cité-jardin reconstruite ?
6) Qu'est-ce que la Sempro ? A quoi a-t-elle contribuée pour la Cité-jardin ?
7) L'une des caractéristiques d'une Cité-jardin est d'avoir une croissance démographique faible, néanmoins la Cité jardin est un espace très vaste. Est-elle vraiment dans l'Idée d'une vrai Cité-jardin?


=> La reconstruction de la Cité Jardin s'est faite après guerre et une réhabilitation a eu lieu dans les années 80-90, dans le but de loger des familles modestes ou des ouvriers dans un lieu décent à loyer réduit.
La Cité Jardin du Plessis Robinson date des années 20-30. C'était une construction moderne avec le confort de l'époque. Le mode de vie a évolué et donc le besoin d'adaptation des habitats aux demandes actuelles s'est manifesté. Par exemple, le développement de la voiture a conduit à une meilleure gestion de la circulation et du stationnement et à prévoir des parkings. On procède tout d’abord à un diagnostic de l'état du bâti selon des plans, plan technique puis plan fonctionnel. Les normes actuelles demandent d'adapter les lieux pour les handicapés, pour que tout leur soit accessible : des dispositifs pour les marches, des portes larges... Par contre, certains bâtiments peuvent faire partie du patrimoine, être classés... Les reconstructions se feront de forme similaire résolvant les problèmes de surfaces avec une architecture moderne : basse aéré, espace paysagé (arbres, plantation, espace de repos, espaces privatifs ou privés...).

S’il y a démolition, est-ce que la population changera ou non ?
Les logements privés ne sont pas plus coûteux qu'ailleurs mais des prestations donnent une image de marque permettant de traduire un niveau de standing élevé. Cela donne une image de qualité qui n'est pas forcement là.

Selon Madame Briand, la ville avait la volonté de vouloir changer d'image, de paraître une ville propre qui accueille des personnes de différents milieux tout en équilibrant les revenus. La nouvelle architecture est différente car les caractéristiques d'une architecture ancienne sont la sobriété, des lignes épurées, des toits terrasses fonctionnels… Alors que l'architecture nouvelle se définit par une architecture régionale, pastiche, plus ou moins avec des colombages, des volets de couleurs qui donnent l'aspect d'une ville traditionnelle. Selon Florence Briand, il faut savoir vivre avec son temps, ne pas copier le passé avec des éléments actuels mais en créant une architecture contemporaine mariée à notre époque.


SEMPRO : Opérateur de la Société d'Économie Mixte du Plessis Robinson. Son travail est d'acheter les terrains, les viabiliser, créer des réseaux d’assainissement, du câble, de la télévision, des espaces extérieurs et enfin vendre les parcelles en fonction des programmes définis par la ville. En d'autre terme la "Cité Jardin" du Plessis Robinson a gardé son appellation mais pas l'idée d'origine.

Conclusion





Bibliographie :
Histoire Mondiale de l'architecture et de l'urbanisme modernes de Michel Ragon - Tome 1 Idéologies et pionniers 1800-1910
Encyclopédie Universalis
Site de la Mairie du Plessis Robinson
Site de la Société national d'Horticulture de France

Conseils d'architecture d'urbanisme et de l'environnement ( CAUE )



Récapitulatif:

1909: le préfet de la Seine autorise la commune à prendre le nom de Plessis Robinson

1924: L'office HBM de la Seine fait construire par l'architecte Maurice Payret-Dortail la première Cité-jardin (241 logements, actuelle Cité basse réhabilitée).

1930: Le même Office fait construire la 2èm Cité Jardins appelée Cité haute, détruite en 1992 à l'exception des pavillons.

1990: Un cœur de ville – jusqu'alors inexistant – est réalisé d'après les plans de François Spoerry, père de l'architecture douce.

1991: Le concours international pour la reconstruction de la Cité haute est remporté.

1993: La Cité basse est réhabilitée dans l'esprit de la Cité-jardin originelle.

2000: Le cœur de ville, dessiné par François Spoerry sur le modèle d'une ville traditionnelle d'Ile de France est inauguré avec 800 logements et 25 commerces.

2005: Le Plessis Robinson remporte le prix Européen de fleurisse ment urbain.

2008: Inauguration de la nouvelle Cité Jardins, 24ha, 1200 logements, une rivière artificielle de plus d'un km avec ses plantations conçues par l'architecte paysagiste Diala Haddad

Christelle BODY & Louis NAVARRO - 2010